Chloé Truchon

radio & son

Je fais de la radio professionnellement. J’aime bien la radio car on peut faire plein de choses. Je fais de la prise de son, du montage, du reportage, des podcasts, des capsules sonores. Quand je suis arrivée à hôp, je me suis détachée de Radiocampus. J’ai commencé à travailler en tant qu’intermittente, même si je continuais à travailler encore là-bas et chez moi.

tu te rappelles de ta première impression quand tu es arrivée à l’Arsenal ?

C’était avec Ulrike que je suis venue la première fois. Sans elle je ne me serais pas positionnée ! Elle est plasticienne et vidéaste. Venir ici me permettait de voir si j’avais besoin d’un local. Ici, je trouvais ça méga glauque ! Haha, est-ce que je vais vraiment pouvoir bosser là ? C’est froid ! C’est Uli qui m’a poussée. Moi, j’ai vraiment besoin que ce soit beau autour de moi. Puis finalement j’étais trop contente, j’avais vraiment besoin d’un espace.

et qu’est-ce que cela à changer pour toi, de venir ici ?

J’ai passé 5 mois avec Uli ici. J’avais la nécessité d’avoir un espace au calme, alors que les autres résidents ici cherchent les gens, la convivialité. Avoir sa porte fermée, la solitude, ça m’allait bien. Je vis en coloc, avec plein de monde et à Radiocampus il y a toujours beaucoup de passage. Ce bureau ici c’est un lieu pour être efficace, pour le travail.

J’essaie de l’envisager autrement. J’aurais envie que ce lieu devienne source de créativité, de création, de lecture. C’est un lieu où j’écris des dossiers, où je peux monter sans un casque. Monter avec des enceintes est très pratique, c’est différent d’un montage sous casque, la notion de rythme est différente.

quel est le lieu que tu fréquentes le plus ?

Le bar, j’aime bien. Et un peu la ressourcerie.

As-tu un souvenir particulier d’un moment à Hôp ?

C’était au tout début, (la résidente) Annette était encore là. J’étais dans la pénombre, je faisais du montage. Annette passait dans le couloir car elle allait aux toilettes. Ici, tu es au contact de gens très inspirants. J’aime bien, elle m’avait dit qu’elle faisait du collage. Puis elle m’avait montré ses carnets de collage, dont un carnet de collages de femmes, et d’hommes. Après, je m’étais mise à faire du collage.

est-ce que tu sais ce que tu feras quand on devra partir de l’Arsenal ?

Je n’y pense pas. Avec le projet de l’hôpital Saint-Jacques (et Vinci qui vient de se désister du rachat), on voit que tout prend 10 fois plus de temps. Donc peut-être que je partirai avant la fin ?

quelles sont pour toi les limites d’un collectif ?

Ici ce qui est spécial, c’est qu’il y a un mot posé “collectif“ mais ça ne correspond pas à la réalité. C’est mon analyse personnelle. Il y a eu la volonté d’un collectif avant d’avoir un collectif. Je me rappelle de deux interventions à la première réunion de tous les résidents. Flavie qui disait “on n’est pas un collectif car on n’a pas d’objectif commun“ à part peut-être celui de prendre soin du lieu. Et Florence “de toutes façons ça prend du temps de faire collectif“. À hôp il y a beaucoup d’initiatives liés à des petits groupes, donc peut-être des petits collectifs. On a une vie en commun. C’est du commun mais pas du collectif.

Ici, ça marche à fond le côté rencontre, partage de connaissance. Peut-être que si on se fait dégager et qu’on lutte, qu’on squatte, peut-être qu’on sera un collectif.

Par exemple, il y a un truc que je trouve horrible ici, c’est le tableau dans le hall d’entrée où il y a tous nos noms et nos photos, et où on se met en fonction de si on a fait nos créneaux. Pour moi, c’est un outil anti-collectif. C’est vachement idéologie capitaliste, start-up nation. Mais j’entends que c’est un problème qu’il y en ait qui ne s’investissent pas pour le collectif !

Ici c’est très flexible. Beaucoup de choses sont expérimentées. Il y a un côté sauvage et facile, j’aime bien. Parce que c’est temporaire, on est plus dans ce qui est fait que dans la logistique, l’administratif.

La gouvernance est une question sensible. Qui prend les décisions à hôp ? Les résidents ? Les salariés ? le CA ? Le style est donné par les gens qui sont là.

Ici c’est un lieu des possibles. Je ne sais pas si un collectif est souhaitable. Il y a un peu une dictature du collectif aujourd’hui. Des archis et urbas outrés de voir comment on fait la ville aujourd’hui, c’est ça l’origine du projet. Après, un collectif à 60 c’est aussi compliqué. La question de la gouvernance (qui prend les décisions, comment on investit les espaces) me paraît plus adaptée que celle du collectif.

quelle est la place de hôp dans la ville de Besançon ?

Ça a marché tellement vite ! c’est un espace qui est grand, en plein centre-ville, qui regroupe plein d’usages. Il est plus facilement estampillé dans la tête des gens. C’est un point de rencontre car tu te sens dans un lieu alterno, même si tu sens un côté alterno bobo. Les gens sentent que c’est un lieu des possibles où tu ne te sens pas sous une autorité. Il y a un côté pas standard.

tu veux rajouter quelque chose ?

Merci ! pour avoir eu le courage, et pour avoir investi ce lieu. Et j’aime bien mes voisins, entendre les bruits chelous de l’escape game. J’ai de la gratitude.

(Entretien réalisé le 25 Janvier 2022)

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