Je suis metteur en scène indépendant. J’ai monté cette compagnie à la sortie de l’école de l’ENSATT de Lyon avec d’autres personnes qui y étaient également. Cette école forme à tous les métiers du théâtre. Puis des comédiens bisontins nous ont rejoints. Aujourd’hui la compagnie a une vocation nationale.
Quelle a été ta première impression quand tu es arrivé dans les locaux ?
C’était assez excitant, c’était le chantier, tu pouvais voir tous les possibles du lieu ! L’avantage d’ici est que tu peux personnaliser ton bureau, pas comme dans l’open space d’un espace de coworking. On a pu installer une mezzanine pour faire un lieu de stockage.
Que-ce que cela t’a apporté le fait de venir dans un lieu collectif, pluridisciplinaire, ouvert sur l’extérieur ?
C’est un progrès pour la compagnie d’avoir un bureau, un espace de maquettes, costumes et surtout avoir accès à des salles pour répéter, ça change tout !
Ça change même le contenu de la création ! Dans un lieu institutionnel, il faut prévoir 6 mois à 1 an à l’avance ses temps de création, alors qu’ici il y a un fonctionnement souple qui permet de lancer plus facilement de nouveaux projets. On gagne en indépendance !
C’est aussi rare d’avoir en lieu en phase préparatoire de spectacle, normalement on n’a pas de lieux pour ça. C’est important d’avoir une base, une maison. Les comédiens de l’extérieur adorent venir répéter à Hôp hop hop !
Ici, c’est un lieu d’improvisation et c’est un intérêt par rapport à un lieu institutionnel où les choses sont plus permanentes. C’est en découvrant un texte par hasard pendant notre création du moment, qu’on a voulu monter le spectacle Lulu. On l’a créé, répété et joué ici à Hôp hop hop, avant de jouer pendant 1 mois cet été au festival d’Avignon. C’est un spectacle qui est sorti sans qu’on le prévoie !
Tu proposes également ici des ateliers de théâtre pour adultes, enfants et ados ?
Un lieu d’ateliers comme ça, pour les enfants et les ados ça change tout comme offre culturelle. Les prix sont très accessibles, presque comme dans le secteur public. En 15 jours j’avais 100 inscriptions ! Contrairement aux ateliers adultes où le public est assez homogène, pour les enfants ça brasse tout le monde.
Le truc génial, c’est Feebee (le chien mascotte de Hôp) qui adore les enfants, et qui les attend 10min avant le début de chaque cours pour recevoir son lot de caresses. La place accordée aux chiens et aux enfants est un bon indicateur d’un lieu.
Un souvenir à Hôp ?
La première présentation publique de Lulu dans la salle du Grand Labo, c’était super ! On a fait plusieurs dates, 400 spectateurs au total, ce qui est plus que ce qu’on aurait pu faire dans une petite salle de spectacle. Ça a brassé le public qui nous suit, mais également le public Hôp hop hop.
Quel sont les lieux à l’Arsenal que la compagnie fréquente le plus ?
La Centrifugeuse pour les ateliers. Nous ne sommes pas les plus quotidiens, on est nomade. Sinon la cafet, et la salle de sieste pour les comédiens qui aiment bien venir se poser pour apprendre leur texte. Et puis le café de l’Arsenic le vendredi soir, après une semaine de répét, c’est super agréable !
Je fais aussi des permanences à la Bricole (l’atelier de bricolage). Je suis bien dès que je sens l’odeur des copeaux ! Avant j’aidais dans un atelier de création de décors.
Qu’est-ce que vous ferez quand on partira ?
Je ne sais pas. Si on n’est pas préparé ce sera rude !
Il faut peut-être faire du temps notre force. Ce projet m’a montré que c’était possible.
C’est un avantage pour une compagnie indépendante d’avoir un lieu et une salle de répétition. On ne pouvait pas s’y attaquer tout seul, mais collectivement c’est possible. C’est peut-être une chance qu’on change de lieux, il faut que ça bouge pour ne pas se répéter. Là on a rejoint ce lieu ci, mais le lieu peut peut-être s’éclater en plusieurs petits lieux et certains pourront plus être tourné vers le spectacle, on pourrait créer une scène de spectacle ?!
Je suis plus sensible qu’avant aux espaces abandonnés, tu vois du gaspillage, d’espace, de murs, de matériaux, ça fait écho à nos préoccupations écologiques, car les nouvelles constructions ont un bilan carbone catastrophique, et pas que, il y a également une raréfaction des ressources et la question de l’artificialisation des sols se pose.
C’est un petit coin enfoncé dans la propriété privée. C’est mon côté marxiste ça. Normalement ce qui légitime l’occupation de l’espace c’est le titre de propriété, il y a très peu de notion de droit d’usage dans le droit français. Mais ici c’est l’usage qui prime.
Est-ce qu’il y a un moment que tu as vécu à Hôp qui représente le mieux les notions d’hospitalité, de convivialité, de collectif ?
Les temps de chantier au tout début.
Ce lieu est génial mais pour tout faire c’est chronophage. C’est frustrant car il se passe beaucoup de choses et on ne peut pas tout faire. Mais la frustration est une richesse !
Hôp est un lieu de voisinage, mais tu connais tes voisins. Ça a un impact sur le moral, surtout dans les phases où tu dois remplir des dossiers administratifs ou faire des demandes de subventions.
Feebee vient dormir souvent au bureau, tu laisses la porte ouverte, tu croises du monde, c’est plus sympa que bosser chez soi !
(cette rencontre a eu lieu en septembre 2019)