Samir Azdig

J’ai une société spécialisée en recherche et développement en engineering mécanique. Je possède de l’équipement pour pouvoir faire du prototypage et de la mini-série pour des pièces. La plupart de mes clients sont de grands industriels, des entreprises spécialisées dans l’aéronautique, la pharmacie, le médical. Je suis à mon compte depuis 2006. Le but est d’accroitre mes activités pour créer de l’emploi.

Et comment ça se passe pour toi avec le covid?

Malgré le covid ça marche plutôt bien, en espérant tout de même que tout reprenne normalement. Lors du 1er confinement j’ai fait des visières de protection pour le CHU Minjoz, des libéraux et médecins à domicile, des personnes de l’ADAPEI. J’ai essayé de fournir un maximum de matériel qui était non-existant. J’ai créé les fichiers (de construction) des visières et j’ai imprimé sur mon imprimante 3D entre 500 et 600 visières. Il y a eu un mouvement de solidarité dans la région sur facebook grâce auquel ont pu être fourni entre 4000 et 5 000 visières.

Te rappelles-tu de ta première impression quand tu es arrivé à l’Arsenal ? 

On était pas mal à venir visiter les lieux, le projet était très intéressant. Il y avait beaucoup de gens d’horizons différents. Ici, c’est une sorte de coworking beaucoup plus amélioré. On a chacun nos locaux et il a des espaces collectifs où l’on peut se rejoindre. On peut aller toquer au bureau du voisin pour un café, ça motive ! 

Au début, j’ai fait quelques travaux de rénovation et de peinture. On a retrouvé un livre (laissé par le CHU, ancien occupant des locaux) qui présentait tout plein de maladies. On rigolait à essayer de bien prononcer les noms des maladies, mais en fait les maladies n’étaient pas marrantes ! Il y a plein de trésors ! Ça fait partie de l’ADN du bâtiment, on garde cette histoire de ce qu’il s’est passé dans les années précédentes.  

Et que-ce que cela t’a apporté le fait de venir dans un lieu collectif, pluridisciplinaire, ouvert sur l’extérieur ? 

Ici, ce n’est pas seulement trouver un endroit où les gens viennent travailler, mais c’est travailler en détente. Le bâtiment continue à vivre après nos journées de travail : avec le café, les conférences, les réunions d’entreprises. Chaque jour est un jour nouveau, on voit y des choses différentes. Il n’y a pas de train train quotidien. C’est le seul bâtiment à Besançon qui présente ce genre de choses. C’est une nouvelle façon d’aller au travail.

Un souvenir à l’Arsenal ? 

Les journées portes ouvertes ! Il y avait une centaine de personnes qui ont visité, qui se sont intéressées à ce qu’on fait. Ce qui les intéressaient c’était le projet en lui-même.  

Autre souvenir, les différents ateliers (chantiers de rénovation et de construction autour du bâtiment), qu’on a partagés entre nous, comme la rampe pour les personnes à mobilité réduite qu’on a construite. On partageait des moments où tout le monde trimait mais on rigolait et il y avait de la cohésion.  

Quel est le lieu que tu fréquentes le plus ici ? 

Chez les voisins, Yves, Stéphane et Carlos ! Quand j’arrive ils ont déjà préparé le café. On ne se connaissait pas et on est devenu très proche. On se donne des conseils, on s’entraide. C’est comme si c’était une deuxième famille ! On partage plus que des histoires de boulot. Si le café n’existait pas, il y aurait beaucoup de moments qui n’existeraient pas. Je bois une dizaine de tasses par jour !  

Qu’est-ce que tu feras quand on partira de l’Arsenal, car ici c’est une occupation temporaire des locaux ? 

Ça va être compliqué ! J’espère que Hôp hop hop trouvera un bâtiment pour ce même type de projet. Peut-être un lieu encore plus accueillant, où l’on accueille encore plus de monde et où il se passerait chaque semaine des ateliers différents.  

On va tous verser notre petite larme c’est sûr ! S’il y a un nouveau lieu je serai le premier à suivre. J’aimerais revenir à l’industrie du début XIXème avec les industries en centre-ville et où tout le monde côtoie tout le monde ! Maintenant, on crée des villes mortes ! C’est comme les centres commerciaux et la mort des petits commerces ! 

 Que penses-tu du lieu de l’Arsenal à l’échelle de la ville de Besançon ? 

Ça apporte quelque chose de nouveau à la ville. On voit beaucoup trop de bâtiments vides qui se transforment en bâtiments désaffectés. Tout est possible ! On peut redonner vie à un bâtiment qui est sans activités depuis plusieurs années. Les services de la ville devraient s’inspirer et il devrait y avoir un service qui s’occupe de ça. Pour laisser les gens se développer dans la création de leur projet. Quand je vois ici le nombre de gens qui s’épanouissent dans le bâtiment, je me dis que la société irait mieux ! Le problème du vide qu’on n’arrive pas à combler car personne ne prend l’initiative de le faire.  

On devrait reproduire cela à l’échelle nationale. En fait, je voulais créer un lieu partagé dans mon ancien local. Ça pourrait me booster de faire un lieu comme ici. La vision patronale est différente : on est tous au même niveau, on n’exploite pas les gens, on ne court pas tout le temps. Le plus important c’est de faire confiance et de ne pas trop fixer de règles. J’aimerais développer ce qu’on a ici dans ma société.

Quelles sont selon toi les limites du collectif ? 

Le collectif c’est un peu comme une coloc ! Au début tout va bien et au fur et à mesure les personnes participent moins. Ici les gens aiment le collectif et l’entraide. Le frein, ce sont les personnes qui ne participent pas.  

C’est la première fois que je vois un projet de ce style. Le voir en vrai, franchement c’est quelque chose de nouveau ! De plus en plus de personnes vont s’y tourner dans le futur. C’est une nouvelle activité qui va se développer. Rejoindre une communauté comme celle-ci c’est comprendre qu’on peut s’amuser en travaillant ! C’est une nouvelle façon de voir le travail au IIIème millénaire !  

(cette rencontre a eu lieu en novembre 2020)

Corinne Déchelette

J’ai fait une formation de graphiste aux Arts Déco à Paris. Puis j’ai travaillé au musée du Louvre, à l’imprimerie

Guillaume Fulconis

Je suis metteur en scène indépendant. J’ai monté cette compagnie à la sortie de l’école de l’ENSATT de Lyon avec

Maude Ligier

J’ai une formation d’historienne de l’art. J’ai un rapport très esthétique à la création. J’ai travaillé dans un atelier d’artiste

Chloé Ruffieux

Je suis graphiste depuis plus de 10 ans. Avant, je travaillais en agence mais je suis à mon compte depuis

Bérangère Delaporte

Je suis illustratrice, plus seulement pour les livres jeunesse mais aussi pour les adultes. Je me considère comme une artiste.

Carlos

Carlos est un surnom devenu un pseudo. Je suis graphiste, illustrateur, motion designer, indépendant depuis 15 ans. Avant je travaillais